- ÉDUCATION
- ÉDUCATIONUNE PRISE DE VUE sur l’éducation ne peut se révéler que vertigineuse, tant sont aujourd’hui accusées l’ampleur, la diversité, voire l’incohérence du champ recouvert et des perspectives qu’on y trace. Et il sera vain de penser conjurer la difficulté en parlant de perspectives complémentaires alors que nous les savons contradictoires.Ainsi, prendre une vue de l’éducation, c’est, au hasard des travaux d’un organisme intergouvernemental, comparer l’évolution des budgets consacrés à la formation générale. C’est, tout aussi bien, dans la chaleur d’une discussion amicale, formuler un avis personnel sur l’influence de la télévision dans la recrudescence de la délinquance juvénile. C’est encore, dans une école pilote, évaluer, par des tests d’efficience, telle méthode de lecture au cours préparatoire. C’est, au sein de la cellule «formation» d’une entreprise, réaliser des modules d’apprentissage individualisé en vue d’un recyclage d’ingénieurs. Ce peut être, tout autant, dans l’ambiance orageuse du foyer familial, éclairer par un recours à l’analyse transactionnelle son propre et difficultueux dialogue avec un rejeton en proie à une interminable adolescence...On peut utilement, certes, classer ces cinq «flashes» dans l’une ou l’autre «sciences de l’éducation» qui est censée leur correspondre: il existe une «économie» et une «sociologie» de l’éducation auxquelles renvoyer les deux premiers. On peut rapporter le troisième à une «didactique» de la lecture, le quatrième à la «formation continue» des adultes et la cinquième à la «clinique» pédagogique familiale. Mais notre époque, en même temps qu’elle a poussé la spécialisation des compétences en matière d’éducation à un point de morcellement extrême, est quasi hantée par le caractère global des phénomènes éducatifs, par la vanité, voire la perversité, de ces découpages.Ainsi, on soulignera que le problème interindividuel de ce parent et de cet adolescent est aussi – certains diront «d’abord» – un problème de société. On rappellera que l’individualisation de l’apprentissage n’est pas à ce point différent, de l’enfant à l’adulte. On contestera qu’une didactique des branches d’enseignement puisse être élaborée sans que l’on prenne en compte l’origine sociale des élèves. On ajoutera que, même étayé par des enquêtes scientifiques, l’avis des experts sur la télévision demeure marqué par la manière dont eux-mêmes vivent leur propre éducation, avec ses préjugés, ses attirances et ses répulsions vis-à-vis du monde des images. Enfin, devant le rappel réaliste des chiffres d’un budget, bien des interlocuteurs rouvriront le débat sur les finalités de l’école et plaideront la priorité de la culture, qui, à leurs yeux, est, par essence même, «inutilitaire».Le fractionnement, sans cesse démultiplié, du propos sur l’éducation rend aléatoire toute tentative visant à donner une définition unique et unitaire des phénomènes éducatifs. Pourtant, la disparition du consensus qui régnait encore à la fin du XIXe siècle autour d’une définition humaniste et progressiste de l’éducation semble laisser intacte la nostalgie d’un propos à vocation totalisante. «Sociologisme» contre «psychologisme», «économisme» contre «pédagogisme», le mouvement des sciences humaines et sociales autour de l’éducation témoigne d’une rivalité dont les enjeux sont autant politiques qu’épistémologiques et au sein de laquelle on fonctionne parfois comme s’il allait de soi que l’on possède en exclusivité la prise de vue où les autres se trouvent englobés.Faut-il alors, renonçant à imposer une vision unificatrice – et donc, à notre sens, unilatérale – de ce vaste champ, abandonner au lecteur la responsabilité de sa propre prise de vue au seuil de cet ensemble d’articles? Jouons ce jeu, en l’assortissant de trois remarques.La première est que, sur un sujet comme l’éducation, nul n’est sans opinion, ni surtout sans expérience. En même temps qu’il est ordonné à contrarier les idées et les sentiments de chacun, tout savoir sur l’éducation ne peut pas ne pas faire avec eux cause commune. Rappelons ensuite que tout propos sur l’éducation oscille, avec une plus ou moins grande amplitude, entre le registre du constat et celui de la prescription. Il lui revient, en effet, de dire ce qu’il est bon de faire et d’en étayer la proposition avec les rigueurs, mais aussi les approximations d’une rhétorique qui, faute le plus souvent de pouvoir prouver, doit tenter de convaincre. Cette fonction anticipatrice et prescriptive explique, pour une bonne part – et c’est la troisième remarque – le décalage fréquent entre ce qui se déclare et ce qui, effectivement, se passe. Savoir ce qu’il en est au juste constitue, pour la science de l’éducation, la tâche la plus difficile. Car la réalité éducative, parce qu’elle reste, en dépit de toutes les désillusions, créditée d’un potentiel humain «miraculeux», est constamment sollicitée de justifier nos indignations ou de consolider nos espérances.• 1527; lat. educatio1 ♦ Mise en œuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d'un être humain; ces moyens eux-mêmes. Sciences de l'éducation. ⇒ pédagogie. « On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l'éducation » (Rousseau). « Aucune éducation ne transforme un être : elle l'éveille » (Barrès). Faire l'éducation d'un enfant. ⇒ éduquer, élever, former; éducateur. Recevoir une bonne éducation. Devoir d'éducation (des parents envers les enfants). Instruction et éducation. ⇒ enseignement. Ministère de l'Éducation nationale (en France), autrefois ministère de l'Instruction publique. — Conseiller d'éducation.♢ (Avec un déterm.) ⇒ formation , initiation. Éducation physique : ensemble des exercices physiques, des sports propres à favoriser le développement harmonieux du corps. Éducation physique et sportive (E. P. S.). ⇒ gymnastique, sport. — Éducation sexuelle. — Éducation politique. Éducation civique, destinée à former le citoyen. ⇒ instruction. « Le spectacle est la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation » (Giraudoux). — Fig. « L'Éducation sentimentale », roman de Flaubert. « Il manque à ces malheureuses victimes une honteuse éducation, je veux dire la connaissance des vices d'un homme » (Baudelaire). — Éducation surveillée (dr. pén.).2 ♦ Développement méthodique (d'une faculté, d'un organe). ⇒ exercice. Éducation des réflexes, des sens, de la mémoire. « L'Éducation de la volonté », ouvrage de Payot.3 ♦ Connaissance et pratique des usages de la société. ⇒ politesse, savoir-vivre. Avoir de l'éducation. C'est un homme sans éducation. Il manque d'éducation. Toute une éducation à refaire ! « Cette chose qu'on est convenu d'appeler éducation, cette espèce de vernis » (Loti).⊗ CONTR. Grossièreté, impolitesse.Synonymes :- pédagogieContraires :Mise en œuvre de moyens propres à développer méthodiquement une...Synonymes :- exerciceConnaissance et pratique des bonnes manières, des usages de la...Synonymes :- urbanitéContraires :- grossièretééducationn. f.d1./d Action de développer les facultés morales, physiques et intellectuelles; son résultat. Une éducation négligée. Avoir reçu une bonne éducation.— éducation physique, par la pratique d'exercices physiques appropriés au développement harmonieux du corps humain. éducation civique. éducation sanitaire: enseignement des notions nécessaires à la promotion de la santé des individus et des communautés.d2./d Connaissance et pratique des usages (politesse, bonnes manières, etc.) de la société. Avoir de l'éducation.d3./d Action de développer une faculté particulière de l'être humain. L'éducation du goût.⇒ÉDUCATION, subst. fém.A.— [L'éducation envisagée comme formation]1. Art de former une personne, spécialement un enfant ou un adolescent, en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d'affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie; p. méton., moyens mis en œuvre pour assurer cette formation. La forte éducation puritaine par quoi mes parents avaient façonné mon enfance (GIDE, Journal, 1923, p. 776). L'éducation des enfants, la formation ou la direction de l'individu (CARREL, L'Homme, 1935, p. VII) :• 1. J'ai un fils unique que je ne veux point faire élever en province; je ne voudrais pas non plus le mettre en pension dans la capitale : tâchez donc de me découvrir dans les environs un collège, ou toute autre maison d'éducation, où je puisse être sûr que mon fils recevra une éducation aussi profitable à son cœur qu'à son esprit.JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 4, 1813, p. 3.SYNT. Éducation chrétienne, libérale; éducation et instruction, et habitude; système d'éducation; faire l'éducation de qqn, refaire son éducation; éducation surveillée.— P. ext. [À propos d'une collectivité] Éducation de l'humanité. Le seul gouvernement qui se soit occupé, d'un grand cœur, de l'éducation du peuple, c'est celui de la Révolution (MICHELET, Peuple, 1846, p. 333). Je ne pense pas encore que l'éducation du grand public soit chose bien commencée (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 20).2. P. méton.a) Action de former et d'enrichir l'esprit d'une personne. Éducation et culture. Synon. enseignement, instruction. Énorme diffusion de l'éducation. Partout des écoles et des universités ont été construites (CARREL, L'Homme, 1935p. 16). Les centres d'éducation ouvrière accueillirent des hommes qui venaient pour essayer d'acquérir une culture générale (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 147).— Éducation nationale (souvent avec une majuscule). Ensemble des services publics chargés d'assurer la formation de la jeunesse et plus particulièrement sa formation intellectuelle. Ministère de l'Éducation (nationale). Synon. vieilli instruction publique. Rénover les structures et les méthodes de l'éducation nationale (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 124).b) Éducation + adj. déterm. Initiation d'une personne à un domaine de connaissances, à une activité ou une discipline particulière. Éducation artistique, littéraire, professionnelle, religieuse, scientifique. (Quasi-) synon. apprentissage. Je fais mon éducation parlementaire. C'est difficile à quarante ans (LAMART., Corresp., 1834, p. 30). Son père découvrit parmi ses livres d'écolier, un traité d'éducation sexuelle (AYMÉ, Jument, 1933, p. 114). L'éducation civique donnée à l'armée est (...) faible (Serv. milit. et réf. armée, 1963, p. 50) :• 2. La nécessité d'une éducation permanente s'affirmera de façon croissante et il est souhaitable que cette éducation permanente soit volontaire plutôt qu'imposée.DUMAZEDIER, RIPERT, Loisir et cult., 1966, p. 51.— Éducation physique. Ensemble des exercices physiques et sportifs destinés à assurer le développement harmonieux du corps. Cours et plateaux d'éducation physique des établissements scolaires (Gds ensembles habit., 1963, p. 15).c) Éducation de + subst. Développement donné à un sens, au corps ou à une faculté par un entraînement et des exercices appropriés. Éducation de la volonté. Je ne suis pas gourmet, et l'éducation de mon palais a été malheureusement un peu négligée (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 13). Cette éducation de l'œil que donne la contemplation continue des peintures (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 185). Une éducation des sentiments, un dressage des passions (BARRÈS, Cahiers, t. 8, 1909-11, p. 160).3. P. ext., ÉCON. RURALE Art d'élever ou de dresser des animaux domestiques. Éducation des abeilles, des vers à soie (Ac. 1835-1932). Synon. dressage, élevage. Au moyen de l'éducation des dindons, les fermiers acquittent plus facilement le prix de leurs baux (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 80).— P. anal. Ensemble des soins donnés à une plante. L'éducation de cette plante est difficile (Ac. 1835-1932).♦ P. métaph. :• 3. Nous leur montrerons [aux Alsaciens-Lorrains], je le sais, que la plante locale s'oriente vers la France et que c'est là qu'elle trouve le soleil, les influences, l'éducation qui en font une des plus belles plantes de l'humanité.BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 125.B.— [L'éducation envisagée comme comportement] Connaissance et pratique des bonnes manières de la société. Éducation distinguée, soignée. Brave homme sans éducation, sans bonnes manières (FLAUB., Corresp., 1839, p. 47). Homme ignorant et de basse éducation (HUGO Misér., t. 1, 1862, p. 204) :• 4. Le numéro 12 retint mon attention : « Avocat demande personne instruite, jeune, bonne éducation, célibataire, pour travaux de bureau. Envoyer photographie. »DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, p. 123.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. [1495 J. de Vignay d'apr. BL.-W.1-5]; 1527 « formation, action d'éduquer » (P. DASSY, Peregrin, f° 5 v° ds GDF. Compl.); 1679 n'avoir nule éducation (RICH.); 1794 éducation physique et morale (STAËL, Lettres div., p. 554). B. 1763 éducation des vers à soie (Boissier de Sauvages ds QUEM. Fichier). Empr. au lat. class. educatio « action d'élever (des animaux et des plantes); éducation, instruction, formation de l'esprit ». Fréq. abs. littér. :4 484. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 8 038, b) 7 660; XXe s. : a) 6 467, b) 4 216.
DÉR. Éducationnel, elle, adj., rare. Qui concerne l'éducation. Synon. usuel éducatif. Variété des pratiques éducationnelles ou des soins donnés aux bébés, qui changent suivant les milieux, ruraux ou urbains, suivant les classes sociales ou les groupes professionnels (Traité sociol., 1968, p. 416). — Seule transcr. ds LITTRÉ : é-du-ka-sio-nèl, fém. -nè-l'. — 1re attest. 1873 (Le Temps ds LITTRÉ Suppl.); de éducation, suff. -el. — Fréq. abs. littér. : 2.BBG. — GIRAUD (J.), PAMART (P.), RIVERAIN (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, p. 158. — GOHIN 1903, p. 334. — QUEM. 2e s. t. 4 1972. — WAPPLER (E.). Probleme der französischen Erziehung. Neuphilologische Monatsschrift. 1938, t. 9, pp. 298-302.éducation [edykɑsjɔ̃] n. f.ÉTYM. 1527; lat. educatio, de educatum, supin de educare. → Éduquer.❖1 Mise en œuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d'un être humain. ⇒ Formation, institution (vx), nourriture (vx). Ces moyens. Résultats obtenus grâce à eux (⇒ Connaissance, culture). || L'éducation des enfants (⇒ Pédagogie), des adultes (⇒ Andragogie). || L'éducation a pour objet non seulement le développement intellectuel (⇒ Instruction), mais encore la formation physique et morale, l'adaptation sociale… || Système, traité d'éducation. || Philosophie de l'éducation. || Les moyens, les méthodes de l'éducation moderne. || Sciences de l'éducation. ⇒ Pédagogie. || Système d'auto-éducation. — Éducation méthodique, progressive; éducation laissée au hasard. || Faire l'éducation d'un enfant, d'un adolescent… ⇒ Éducateur; éduquer, élever, former. || La première éducation. || Recevoir une bonne, une forte, une solide éducation. || Éducation familiale. || Devoir d'éducation des parents (des enfants par les parents). || Éducation religieuse, puritaine; laïque. || Éducation conformiste (cit. 2), conventionnelle (→ Danger, cit. 12), libérale. || Système d'éducation. || Sentiments acquis, imposés par l'éducation. || Éducation scolaire, universitaire. ⇒ Enseignement (→ Dépourvoir, cit. 5). || Établissement, institution, maison d'éducation. ⇒ École. || Ministère de l'Éducation (en France) : ancien ministère de l'Éducation nationale, autrefois « ministère de l'Instruction publique ». — De l'éducation, ouvrage de Milton (1544). || Émile ou De l'éducation, œuvre de J.-J. Rousseau (1762). || Traité de l'éducation des filles, de Fénelon (1687). || L'Éducation, ouvrage de Dupanloup (1851). || De l'éducation intellectuelle, morale et physique, de Spencer (1861). || Psychologie de l'éducation, ouvrage de Gustave Lebon (1902). — L'éducation d'Achille, sujet de tableaux célèbres (Rubens, Champaigne, Delacroix…).1 J'accuse toute violence en l'éducation d'une âme tendre (…) ce qui ne se peut faire par la raison, et par prudence et adresse, ne se fait jamais par la force.Montaigne, Essais, II, VIII.2 C'est un excès de confiance dans les parents d'espérer tout de la bonne éducation de leurs enfants (…)La Bruyère, les Caractères, XII, 84.3 Rien n'est plus négligé que l'éducation des filles. La coutume et le caprice des mères y décident souvent de tout; on suppose qu'on doit donner à ce sexe peu d'instruction. L'éducation des garçons passe pour une des principales affaires par rapport au bien public; et, quoiqu'on n'y fasse guère moins de fautes que dans celle des filles, du moins on est persuadé qu'il faut beaucoup de lumières pour y réussir.Fénelon, l'Éducation des filles, I.4 Les lois de l'éducation seront donc différentes dans chaque espèce de gouvernement : dans les monarchies, elles auront pour objet l'honneur; dans les républiques, la vertu; dans le despotisme, la crainte.Montesquieu, l'Esprit des lois, IV, 1.5 (L'ex-jésuite) — (…) J'ai fait ce que j'ai pu pour vous bien élever. — Vraiment, vous m'avez donné là une plaisante éducation (…) je ne connaissais ni les lois principales, ni les intérêts de ma patrie : pas un mot de mathématiques, pas un mot de saine philosophie; je savais du latin et des sottises (…) Je vis qu'on m'avait donné une éducation très inutile pour me conduire dans le monde (…)Voltaire, Dict. philosophique, Éducation.6 On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l'éducation (…) Tout ce que nous n'avons pas à notre naissance et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l'éducation. Cette éducation nous vient de la nature, ou des hommes ou des choses…L'éducation n'est certainement qu'une habitude.Rousseau, Émile, I(→ aussi Approprier, cit. 3; babillard, cit. 5; condition, cit. 15; désobéir, cit. 6; correspondance, cit. 2).7 (…) l'éducation a pour objets, 1o la santé et la bonne conformation du corps; 2o ce qui regarde la droiture et l'instruction de l'esprit; 3o les mœurs, c'est-à-dire la conduite de la vie et les qualités sociales.8 L'éducation doit être tendre et sévère et non pas froide et molle (…) l'éducation ne consiste pas seulement à orner la mémoire et à éclairer l'entendement; elle doit surtout s'occuper à diriger la volonté (…) L'éducation se compose de ce qu'il faut dire et de ce qu'il faut taire, de silences et d'instructions.Joseph Joubert, Pensées, XIX, 5-12-19.9 (…) après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple.10 Ombres qui habitez les cavernes de ces montagnes, je dois à vos soins silencieux l'éducation cachée qui m'a si fortement nourri, et d'avoir, sous votre garde, goûté la vie toute pure, et telle qu'elle me venait sortant du sein des dieux !M. de Guérin, Poèmes, « Le centaure ».11 L'éducation sociale bien faite peut toujours tirer d'une âme, quelle qu'elle soit, l'utilité qu'elle contient.Hugo, les Misérables, I, V, V.12 L'éducation ne se borne pas à l'enfance et à l'adolescence. L'enseignement ne se limite pas à l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation, et un éducateur à la fois sévère et dangereux.Valéry, Variété III, p. 281.12.1 L'éducation consiste à acquérir des réflexes nouveaux qui engendrent par leurs répétitions des habitudes, c'est ainsi que la plupart des actes de notre vie quotidienne qui ont commencé par exiger l'intervention de l'intelligence et de l'attention, ont fini par s'accomplir automatiquement. Mais sous un autre aspect, l'éducation consiste à acquérir des réflexes conditionnels capables d'inhiber les réflexes innés.Jean Delay, la Psycho-physiologie humaine, p. 105.♦ (Avec un déterminatif). ⇒ Formation, initiation. || Éducation générale, opposée aux spécialisations.13 Delacroix était (…) un homme d'éducation générale, au contraire des autres artistes modernes, qui (…) ne sont guère que (…) de tristes spécialistes (…)Baudelaire, Curiosités esthétiques, Œuvre et vie de Delacroix, II.♦ Éducation littéraire, scientifique. || Éducation sexuelle. || Éducation politique, civique. — Éducation artistique. || Éducation professionnelle, fournissant aux jeunes gens la connaissance d'un métier, d'une technique. ⇒ Apprentissage, 1. — (1958). || Éducation permanente : formation continue destinée à maintenir ou accroître les connaissances professionnelles (⇒ Recyclage), intellectuelles ou culturelles aux divers niveaux. — (1819, in Petiot). || Éducation surveillée. — Éducation physique : ensemble des exercices physiques, des sports propres à favoriser le développement harmonieux du corps. ⇒ Gymnastique, sport.♦ Par ext. (le compl. désigne une collectivité). || Faire l'éducation politique d'un peuple. || L'éducation artistique d'une nation. — De l'éducation du genre humain, œuvre de Lessing (1780).14 Le spectacle est la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation.Giraudoux, Littérature, p. 233.♦ Fig. ⇒ Apprentissage, formation, initiation. || L'Éducation sentimentale, roman de Flaubert (1869).15 Il manque à ces malheureuses victimes, qu'on nomme filles à marier, une honteuse éducation, je veux dire la connaissance des vices d'un homme.Baudelaire, la Fanfarlo.2 Développement méthodique donné à une faculté, un organe… ⇒ Exercice. || Éducation des réflexes. || Éducation de l'œil, de l'oreille. || Éducation des sens. || Éducation de la mémoire. || L'Éducation de la volonté, ouvrage de Payot (1893). || Éducation du sens artistique. || Éducation du goût.16 (…) il ne définit pas bien cela, car son sens d'artiste et de voyant, qu'aucune éducation n'a affiné, est demeuré rudimentaire (…)Loti, Ramuntcho, I, XIII, p. 121.3 Art d'élever (certains animaux). ⇒ Élevage. || L'éducation des abeilles, des vers à soie (1763, in D. D. L.). — L'éducation du chien, du cheval. ⇒ Domestication, dressage.♦ Soins que les animaux donnent à leurs petits.17 (…) l'autruche (…) n'ayant jamais besoin du secours de ses père et mère, vit isolée (…) et se prive ainsi des avantages de leur société qui (…) est la première éducation des animaux et celle qui développe le plus leurs qualités naturelles (…)Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Le solitaire.♦ Rare. Soins donnés à une plante.B Par métonymie (de A., 1.); au sing.; non qualifié. || L'éducation : connaissance et pratique des usages de la société. ⇒ Bienséance, distinction, politesse, savoir-vivre (→ Chic, cit. 5). || Avoir de l'éducation. || Il est sans éducation, il manque d'éducation. || Il a du tact et de l'éducation.18 Cette chose qu'on est convenu d'appeler éducation, cette espèce de vernis, appliqué d'ailleurs assez grossièrement sur tant d'autres, manquait tout à fait à mon frère Yves; mais il avait par nature un certain tact, une délicatesse beaucoup plus rares et qui ne se donnent pas.Loti, Mon frère Yves, LXVIII, p. 162.❖CONTR. Grossièreté, impolitesse, inéducation, rudesse, rusticité.DÉR. Éducatif, éducationnel.
Encyclopédie Universelle. 2012.